Serieux, Graal, Grasse, Phare.

Q: quel est le point commun entre Lana Del Rey, les Horrors, et Florence & The Machine?

R: Ils se prennent tous tres au serieux. 2011 etait interessant, mais tres premier degre.



D'ou mon projet de trouver un nouveau groupe cool, et marrant. Dansant et pas prise de tete. Friends auraient pu etre mon Saint Graal, s'ils avaient ete aussi bons en vrai que sur le papier: cinq New Yorkais, une jolie voix, et un son plus qu'entrainant. Je me suis donc precipitee sur Friend Crush, pensant avoir trouve ma pepite: ma deception fut grande - paroles distrayantes mais lassantes, intru peu excitante - mais de courte duree. Refusant de me decourager, je suis pasee a I'm His Girl, et victoire - une heure qu'elle passe en boucle et je suis sur le point de sauter sur ma table et bootyshaker un bon coup. La ligne de basse est grasse et efficace (comme on en fait plus vraiment), le refrain accrocheur, et globalement parfaitement foutu, et l'ensemble risque de vous rester dans la tete jusqu'a la fin des temps. La formule est simple, mais tres bien executee.
La B-side du simple, My Boo, est une reprise d'un tube de boite douteux des annees 90, et ne s'en sort pas aussi bien. Distrayant et joliement arrange, certes, mais pas aussi addictif que le titre phare. On les pardonne pour la leger faute de gout, mais restons realistes: le groupe ne sera pas notre nouvelle star, mais pourra bien nous faire danser en attendant. et puis merde, ils ont quand meme l'air super sympa sur leurs photos promo.

Insipide, Peinture, Farine, Rupture.

J'avais vraiment envie que les Big Pink foirent leur deuxieme album. A Brief History Of Love etait bon, mais n'appelait pas vraiment a une suite brillante: efficace et decale, il se suffisait bien a lui meme - pas besoin de ressortir quelques chose d'insipide un ou deux ans plus tard, et tout gacher. Je ne voyais pas comment ils auraient pu evoluer sans devenir repetitifs, creux ou commerciaux, et leur en voulais toujours un peu pour ue vieille histoire personnelle, soit un clip pour lequel j'ai ete recouverte de peinture noire et ai du danser devant un drap pendant deux jours, pour ensuite apprendre que non, en fait ils n'avaient plus envie de sortir ce single la. Salauds. Je m'attendais donc a ce que Future This soit vide et ennuyeux, et, comme d'habitude, me suis faite avoir.


Stay Gold, la piste d'ouverture, ressemble a Dominos en un peu plus pop, et semble annoncer la couleur - on est repartis pour une poignee de chansons dansantes au gout shoegaze, et a refrains entetants. Puis Hit The Ground commence, et l'on se rend compte qu'on s'est fait rouler dans la farine: j'ai generalement un probleme avec toute mention de Superman dans la pop, mais bordel, ca marche: les choeurs sont planants, la voix agacante, les synthes douteux, mais c'est coherent. Meme symptomes pour Give It Up et son fort potentiel mauvais gout - l'instru est ringarde, les paroles banales mais ils s'en sortent haut la main, Dieu sait comment: ca fonctionne. Le creux arrive cependant avec la succession The Palace - 1313, pas necessairement desagreables mais franchement pas interessants: trop d'importance est accordee a la voix, et a quatre minutes vingt et cinq minutes vingt trois, on ne peut s'empecher de bailler, et attendre la suite.
Et quelle suite: Rubbernecking est le vrai bijou pop de l'album (et le titre le plus court) - le refrain repetitif et la batterie basique et distante collent parfaitement au style des deux garcons, et l'on retrouve l'efficacite du premier album, intru originale en bonus. Jump Music est plus rock et plus cliche, avec son gros riff de guitare et choeurs emascules: on dirait presque du kasabian par moments, et le groupe en perd quasiment son identite: leur son n'est plus aussi distinctif, et l'on sent bien qu'ils ne sont pas sur leur territoire. Lose Your Mind ratrappe plutot bien la chose, puisqu'elle n'a pas vraiment de sens, des changements de rythmes a tout va, et un sample affreux qu'eux seuls arrivent a rendre potable. Le titre eponyme souffre un peu du syndrome de l'avant derniere chansons - personne n'ecoute vraiment les fins d'albums, et l'on sent le remplissage: pas mauvais, loin de la, mais finalement assez banal. 77 finit Future This, et est (forcement?) la piste la plus lente: les synthes sont planants, et les paroles plus personelles (proche decede? rupture douloureuse?). Quoiqu'il en soit, les Big Pink ont reussi l'impossible, et sorti un second album pas meilleur ni moins bon que le premier, tout en restant original - j'aurais aime qu'ils se ramassent, et les attend au tournant, mais jusqu'ici, rien a signaler.

Bougre, Academique, Clochette, Excessive.

Il avait du charme, le bougre.
Du charme, et un magnetisme irresistible; une facon de vous attirer dans son monde, l'air de rien, et ne plus vous laisser partir. C'est d'ailleurs fascinant de voir a quel point il pouvait hypnotiser les foules: pas des millions, ni des milliers, mais quelques centaines de gosses emerveilles par son talent, bouche bees devant l'ampleur de sa perfection bancale - un univers de reves brumeux, et fantasmes derangeants, hante par une douce melancolie qui ne vous quittait plus. L'admiration etait religieuse; l'obsession presque inevitable. Et forcement, j'etais l'un d'eux - bercee par Wind In The Wires et poursuivie par Lycanthropy, mon adolesence aurait eu bien peu de sens sans Patrick Wolf. Non que je sois la seule - plus  le temps passe, et plus les anecdotes se multiplient. De l'academique d'extreme gauche au dandy gentiement branche, je ne cesse de rencontrer des gens qui, comme moi, ont consacre quelques annes de leur jeunesse a se noyer dans la musique du jeune anglais.
Dans un sens, c'est pour eux que j'ecris cet article; l'epitaphe d'une vieille passion commune. En avant, maestro.



En 2011, Patrick Wolf sort son quatrieme album, et nous fait gentiment savoir qu'il est vraiment heureux, que son couple va bien, son appartement est genial, et c'est quand meme sympathique de ne plus etre pauvre. J'aimerais chroniquer Lupercalia, mais c'est etonnament dur d'ecrire un papier lorsqu'on ne peut se sortir les doigts des oreilles, de peur d'entendre une seconde de plus de ce qui s'avere etre un affront pur et simple a la musique de qualite. Je le vois en concert quelques mois plus tard, et il ressemble a un croisement entre Peter Pan et la fee Clochette, dix ans d'un alcoolisme feroce plus tard. J'abandonne. Decembre arrive, et un nouvel EP apparait: Brumalia a une pochette en noir et blanc, simpliste et depouillee - je reprend espoir, et me promet d'essayer. Je pourrais vous laisser deviner la suite, mais mon amour sans borne pour la plainte superflue m'en empecherait. C'est donc avec plaisir que je m'apprete a sortir la hache et la scie sauteuse - vous voila prevenus.

Les vingt et unes premieres secondes de Bitten sont traitres, puisqu'appreciables - un ensemble de cordes dignes des premiers albums, miserablement gachees a 0:22 par une voix feminie susurrant je-ne-sais-quoi en espagnol. Et ce n'est que le debut: les paroles sont insipides, le refrain irritant, et la melodie epuise tres rapidement. Gardez cette phrase en tete puisqu'elle decrit plutot bien toutes les autres chansons aussi. Mention speciale, cela dit, au rythme mauvais gout de Together, au pseudo Magic Position qu'est Time Of The Year, a la pesanteur forcee de Jerusalem et a l'intrumental plus que douteux de Nemoralia. Pour ce qui est des deux dernieres, allez donc decouvrir par vous meme - je suis a court d'adjectifs pejoratifs. Et de toute facon, vous avez probablement deja saisi l'idee de la chose. L'ami Patrick a une vie formidable et a tres envie d'en parler a tout le monde: on applaudit la reuissite personelle, puis on se rebouche bien vite les oreilles.

Quoi? Pardon? "Mais c'est n'importe quoi ta chronique, le Wolf a bien le droit d'etre content et de faire de la pop creuse s'il en a envie, de quoi tu te meles?" ecoute, mon renard - premierement, je ne t'ai jamais donne l'autorisation de me tutoyer, et deuxiemement, je sens que tu n'as pas bien lu mon papier, si tu reagis comme ca. Tu penses que c'etait gratuit et hors contexte, cette introduction grandiloquente sur les obsessions de mon adolescence? Comment ca, "oui, comme la moitie des articles sur ce site"? Au coin, tout de suite. Imbecile. Ce n'etait pas completement inutile, ou improvise - ce que j'essayais d'expliquer etait que mon attachement au jeune homme etait trop fort pour que je puisse etre ne serait-ce qu'un tant soit peu objective. J'en suis incapable. Cette chronique n'est que l'avis de quelqu'un qui a passe des douzaines d'heures a ecouter ses premiers albums en boucle, en se demandant si, vraiment, c'etait normal de toujours faire du 85A en seconde.  Quelqu'un qui aurait prefere que les chansons soient tristes et tordues, comme avant. Et surtout, quelqu'un qui jamais, jamais ne cautionnera l'utilisation excessive du saxophone en 2011. Nom de Dieu.

Explosion, ferme, The Smiths, mariage

Tout juste un an après notre première rencontre avec Noah and the Whale, le groupe revient déjà avec un nouvel album sur le thème du changement et du renouveau. Et malgré cela, on a résisté à l'envie de demander à Charlie Fink s'il s'était bien remis de sa rupture. Conscience journalistique quand tu nous tiens...



MDMAZING : Vous venez de sortir votre 3e album en un peu plus de 3 ans, c’est une stratégie pour que les gens ne vous oublient jamais ?

Charlie : (rires) Non ce n’est pas vraiment ça, je crois que c’est simplement que j’ai besoin d’écrire tout le temps, alors tant que j’écris j’essaie d’en faire des albums. On n’est pas vraiment un groupe calculateur.

Peuplier, Tomates, Mégaphone, Mariage.


On sait tous qu'en Mai, on devrait faire ce qu'il nous plait, mais en fin de compte c'est toujours un mois un peu moisi ; préparation du bac, partiels, beau temps mais pas non plus assez pour bronzer ou aller se baigner, quoique de toute façon on est jamais en vacances donc quelle importance...pas que du fun, donc. D’où mon article remonte moral, ou quel serait mon scénario idéal pour ce début d'été.

12 Juin - débarquer en gare de King's Cross, à Londres pour Get Loaded In The Park ; découvrir qu'un bus magique emmène directement à Clapham Common, donc même pas besoin de se perdre et prendre quarante-sept bus avant de se rendre compte qu'on a atterri à Liverpool sans faire exprès. Être un peu en retard, mais choper la dernière moitié du set de Johnny Flynn, boire une bière fraîche sous un peuplier, et se rendre compte que ça enchaîne sur Slow Club. Se faire inviter sur scène pour faire les choeurs de Wild Blue Milk, puis sauter dans le public en triple salto et passer à l'autre scène où O Children joue Malo ; sauter un peu partout puis entendre Yelle qui beugle au loin, siffler son gang, qui rapplique avec les tomates pas fraîches, la bombarder à l'instant où elle prononce Je Veux Te V..., se faire applaudir par le public, et porter jusqu'au premier rang devant Patrick Wolf qui, justement vient de commencer son set spécial Lycanthropy et se faire dédicacer l'ensemble,tant qu'on y est, puis entracte et le final : ressortir le bazooka, rappliquer auprès de Johnny Borrell juste avant qu'il monte sur scène, le forcer à chanter Golden Touch en acoustique, et lui faire exploser la cervelle, comme ça, au nom de l'humanité. Mission accomplie.

22 Juin - arriver en hélico à Glastonbury, se rendre compte qu'il y a beaucoup trop de groupes à aller voir, désespérer, se noyer dans le mini-bar flottant emporté spécialement pour l'occasion, se réveiller à la fin du festival avec un mal de crâne à tuer un mort, puis les souvenirs qui remontent petit à petit : le booty shake sur scène avec Beyoncé sur Crazy In Love, l'impeccable set de Wild Beasts, le combat de ninja avec la bande de hipsters qui refusaient d'arrêter de parler du génie de James Blake et Warpaint, les pleurs incontrôlables sur Noah & The Whale, la parfaite extase devant Morrissey, quoique éviter de lui demander au mégaphone s'il était hétéro ou gay aurait été préférable...avaler deux aspirines pour essayer d'aller mieux, entendre des cris étouffés venant du coffre de la voiture, aller ouvrir, angoissé, se rappeler subitement du kidnapping de Bono, puis décider de le libérer à condition qu'il aille passer le reste de sa vie dans un bungalow au Pérou et la ferme une bonne fois pour toute, jubiler, aller dormir.

1er Juillet - Wireless et Hop Farm sont en même temps! Que faire ? Ah oui c'est vrai, se téléporter, naturellement. Commencer donc avec Brandon Flowers, le convaincre de chanter Mr Brightside puis voler sa moustache, passer voir Death Cab, réaliser que quand même c'était mieux à quatorze ans, recevoir un texto disant que Human League commence dans dix minutes, et qu'il va falloir courir pour pouvoir faire ce duo avec Oakley sur Don't You Want Me, puisqu'une promesse est une promesse, s'exécuter, choper un tapis volant pour Londres, histoire de réaliser à quel point les Black Eyed Peas sont mauvais, merde, puis repartir le lendemain, mourir un peu avec l'enchaînement Patti Smith/Iggy & The Stooges/Lou Reed, même si regarder l'ensemble d'un Chesterfield du côté de la scène est plutôt agréable, quoique se cacher derrière au moment où Morrissey arrive aurait été futé, puisque se faire reconnaître de Glasto et se faire virer de scène manu militari est quand même un peu humiliant, mais se consoler le jour d'après en volant les sapes de Taylor Momsen, et la regarder faire son set pieds nus et en peignoir, puis filer danser sur Metronomy et feigner la surprise quand ils remplacent r a d i o l a d i o par m d m a z i n g, même si bon, dans le fond ça marche un peu moins bien, et enchaîner sur les Horrors et leur set sans faute, rougir un peu quand Howlin Pelle fait sa demande en mariage entre Die, Allright et Hate To Say I Told You So, parce que bon, il va bien falloir qu'il comprenne que c'est fini, et aller se cacher jusqu'au set de Pulp, faire évacuer les cinq premiers rangs pour pouvoir apprécier comme il se doit, commencer à se décomposer quand ils jouent F.E.E.L.I.N.G. C.A.L.L.E.D. L.O.V.E, et mourir de combustion spontanée au moment où ils finissent Disco 2000.

Puis évidemment, ressusciter pour la deuxième partie de notre été de la perfection.

(à suivre)