Cheveux, Pondre, Vingt, Gosses.

J'étais un peu tentée de détruire le nouveau Strokes en quelques lignes, par pure méchanceté gratuite, puis me suis rendue compte que non, en fait, ça n'en valait pas forcément le coup ; s'il y a bien un groupe avec lequel on a tous plus ou moins grandi, et sur lequel on a tous une opinion bien définie, et a priori inchangeable, c'est bien eux, et l'intérêt d'écrire la chronique d'une chanson que tout le monde a déjà entendu suffisament de fois pour ne pas avoir envie ni besoin d'en rediscuter me paraît assez limité. Ce qui m'amène donc droit au but : le nouveau single des Arctic Monkeys, et pourquoi il me donne envie de tirer très fort sur les cheveux trop longs d'Alex Turner. Bam.


En fin de compte, je ne sais même pas si j'ai le courage de vraiment pondre une review construite à peu près correctement sur une blague pareille : on va tenter un approche un peu parallèle, ça devrait être amusant, et puis ça m'empechera de cracher sur eux à tout va.
Prenez le nombre vingt. Retenez le, répètez le. Vingt. Gardez le en tête en lisant le paragraphe qui suit ; l'explication se trouve plus bas.

"Les quatre membres du groupe ont la vingtaine et marquent chacun de leurs titres, tous excellents, d'un regard sarcastique de provinciaux du nord de l'Angleterre. Leur contexte de prédilection reste l'observation de la jeunesse depravée aimant un peu le rock, pas mal la bière et la défonce avec en perspective de finir la nuit avec le ou la congénère dusexe opposé parvenu à un état proche du leur. Alex Turner, chanteur et guitariste fait preuve d'un sens de la narration hors pair pouvant rivaliser avec Mike Skinner de The Street ("From the Ritz to the Rubble"). Les couplets sont souvent ponctués de traits d'esprits irrésisitibles comme cette réflexion prêtée à un personnage consterné de voir sa girlfriend enthousiasmée par la prestation d'un groupe pathétique : "Cela prouve au moins que l'amour n'est pas seulement aveugle mais sourd également!" ("Fake Tales of San Fransisco"). On croyait la scène anglaise en deuil des Libertines, voici peut-être leur relève" 
- Newcomer, Octobre 2005

Revenons maintenant à notre numéro mystère, mais malheureusement pas gagnant : vingt, c'est le nombre de fois que l'on peut entendre les mots 'brick by brick' dans les trois minutes et quelques que dure le nouveau simple. Ca parle - étonnament- de construire des murs, avoir ton amour et voler ton âme. Turner nous affirme trois fois de suite, pour nos amis peu anglophones, qu'il veut rock'n'roll, et c'est aussi le nombre de fois que j'ai écouté la chanson avant de l'effacer de mon ordinateur. Les paroles sont vides, et la chanson sonne creux : une guitare surléchée, du gros son qui rappelle tout ce mauvais goût de certains passages des années 70, le tout achevé d'une fausse fin tellement prévisible qu'elle ne surprend même pas.
Les Arctic Monkeys étaient bons quand ils avaient des choses à dire et de quoi se plaindre, mais la plaisanterie semble bel et bien finie. Les gosses brillants de Sheffield semblent s'être paumé quelque part dans un coin de Californie, et c'est bien dommage - je m'en retourne écouter Mardy Bum, et souhaite bien du courage à ceux qui tenteront d'écouter l'album.