Piscine, Acouphènes, Menestrel, Adoration.


J'en ai marre des intros ; j'en ai marre d'essayer d'être drôle, échouer, tenter de me rattraper, et m'enfoncer encore plus. Du coup, ce compte rendu des groupes les plus marquants de la Route Du Rock vous sera servi à sec, sans glaçons. Allez hop, dans la piscine Janine :

1- My Bloody Valentine
Inutile de dire qu'il s'agissait de la tête d'affiche la plus impressionnante de cet été : plus d'une décennie que le gang ne s'était pas arrêté par la France, et en fait on appréhendait presque, vu la réputation scénique du groupe - une vague histoire de décibels et autres acouphènes - mais bordel, ç'aurait été impossible de passer à côté de titres tels qu'Only Shallow, ou When You Sleep. C'est donc en fan avide de la formation que je me suis rendue, coups de coude aidant, à la barrière dès le début du set : les bouchons étant bien entendu de rigueur, je n'ai pas réellement souffert du volume ; il ne me restait donc plus qu'à apprécier, rester sans voix devant un tel spectacle de son et de lumière, vous enveloppant comme dans un rêve. Il fallait probablement connaître les albums pour réellement apprécier le concert, car il était facile de prendre de fantastique magma d'émotions pour une simple cacophonie amplifiée à l'extrème. Reste qu'on entendait apparemment le concert jusqu'à la plage de St Malô, et que finalement, peu de gens peuvent se targuer d'en être sorti indemne.

2- Peaches
Changement d'ambiance, changement de décor : deuxième jour, minuit passée, notre provocatrice poilue préférée débarque, revêtue d'une combinaison type latex la couvrant entièrement, visage compris - originalité, quand tu nous tiens. Petite introduction, nouvelle tenue, arrivée des musiciens ; le set est explosif, le Fort de St Père se transforme en dancefloor géant, et la diva electroclash balance ses tubes les uns après les autres, s'amusant avec sa troupe et le public. Les costumes se multiplient, et on aurait pu regretter un certain manque de spontanéité, si l'on avait pas été si occupés, les uns autant que les autres, à shaker nos booties comme si nos vies en dépendaient. Des Teaches Of Peaches à I Feel Cream, il est aisé de se rendre compte que la demoiselle sait ce qu'elle fait, et nous tient dans sa poche : on ne s'en plaint pas, loin de là.

3- Gang Gang Dance
Oui, tu as bien lu : pour votre humble menestrel, le troisième concert le plus intéressant du festival s'est deroulé l'après midi, dans un auditorium. D'ailleurs, c'est un peu une forme d'excuse, cette place sur le podium, vu que les excès de la veille et les fauteuils trop confortables m'ont fait rater un bout du set, au profit des bras de Morphée. Mais peu importe. Gang Gang Dance, c'est tribal ; c'est une chanteuse inquiétante, qui frappe ses percussions un peu primitive jusqu'à ce que ses bras en tombent, c'est une voix orientalisante, des nappes de synthés, un chaos sonore, quelque chose d'unique dont on ne peut détacher ses yeux. C'est aussi une ressemblance physique avec l'idée qu'on se fait d'une version maléfique de Bat For Lashes, une intro beaucoup trop longue, des cris, de la magie noire, ou bien de l'hypnose. En bref, un truc un peu trop extrème pour qu'on puisse y adhérer totalement, mais beaucoup trop fascinant pour qu'on veuille vraiment y renoncer.

4-Deerhunter
Une fois de plus, l'ambiance ne s'y prête pas vraiment : il fait trop jour, le public n'est pas franchement d'humeur festive, mais tant pis ; en même temps, c'était pas sur Bradford Cox qu'on pensait jeter nos confettis. Malgré donc ces quelques soucis extérieurs, le set est envoûtant : planant, mais pas ennuyeux une seule seconde, puisqu'à l'image des albums ; on alterne pop et shoegaze, guitares Strokes et passages planants. On ne pourrait pas ailleurs pas vraiment parler de prestance scénique, puisqu'il n'y a pas de jeu entre les musiciens ; ils sont tous dans leur monde, Cox le premier, et nous invitent gentiment à y rentrer jeter un oeil : en fin de compte, ce n'était pas vraiment une langueur dûe à l'ennui, mais plutôt un silence empreint de respect, la tête dans les nuages et l'esprit transporté par des sons enveloppant doucement le Fort, du magnifique Microcastle au Nothing Ever Happened qu'on ne vous présente plus ; chapeau bas.

5- Grizzly Bear
Il faut dire qu'on les attendait au tournant, ceux là : dernier jour, horaire parfait, public fébrile. L'excitation est palpable, et le groupe [...]
Bon. Je ne vais pas vous mentir : je n'ai pas aimé Grizzly Bear. Je n'ai pas aimé, parce que déjà sur album je peinais à dépasser le stade des cinq chansons d'affilée, alors forcément ça n'a pas été possible. Mais ce n'est que mon avis; et objectivement, c'était génial. Les harmonies vocales, Two Weeks, Knife, les premiers rangs en adoration, et tout le toutim. Que voulez vous, à défaut d'être pro, je suis franche. Et la suite arrive bientôt.