UFO, Jazz, Clinquant, Indispensable.



Joe Boyd - White Bicycles

L'idée d'un livre écrit par le producteur du premier Pink Floyd, et créeateur de l'UFO Club ne peut qu'être alléchante, surtout quand il est sous titré "Making Music In The 60's", et que Nick Drake apparaît en quatrième de couverture.

On pourrait tout d'abord se plaindre de publicité mensongère, car l'ouvrage est avant tout consacré au jazz des années soixante, et son Newport Festival. Tout commence, en fait, lorsque l'auteur, alors étudiant et passioné de musique, décide de refaire venir en ville des jazzmen aussi mythiques que disparus de la circulation. Devant le succès de son projet, le jeune homme décide de continuer, et faire sortir tous ces illustres musiciens de leurs campagnes pour les faire tourner.
Vous raconter la suite des événements serait superflu, mais sachez néanmoins que l'on y croise Dylan, Baez, Hendrix, ainsi qu'un nombre incroyablement élevé de formations, et artistes totalement inconnus. L'interêt de ce livre réside d'ailleurs dans ce choix de privilégier ces groupes qui n'ont pas percé, n'ont laissé aucune trace dans la mémoire collective, et n'ornent aucun de ces t-shirts qu'il faut porter pour montrer au monde l'étendue de notre culture musicale. On aurait pu avoir un énième récit des clinquantes sixties, celles des costumes sur mesure et des tournées à guichets fermés, mais ce n'est pas le cas, et tant mieux. De fait, suivre de l'intérieur ces enregistrements bancals, ces concerts improvisés, et surtout ces espoirs de succès permet de relativiser ; on aurait aimé faire de la musique dans ces années là, voilà comment cela ce serait passé. Démystifier les années soixante était devenu indispensable, ne serait ce que pour stopper le revival, qui, à force de s'éterniser, devient étouffant.
L'ensemble n'est pas pour autant dénué d'humour ; on suit avec découvre avec plaisir les mésaventures de cet ambitieux utopiste, qui, de l'Amérique profonde aux capitales européennes, nous entraîne dans un envers du décor semblant ici bien plus intéressant que le devant de la scène.