Live, Boue, Apocalypse, Alcoolémie.


Nuit du 25 au 26 août, départ mélé d’une excitation vachement palpable, la moitié du bus est déjà complètement bourrée, le tout s’annonce sous les meilleurs augures. Et pourtant… boue et pluie sont les mots d’ordre, ça sent la galère monstre à plein nez.
C’est mal connaître les anglais de croire qu’une malheureuse averse, si violente soit elle les empêche de festoyer. La bière coule à flot dans la joie et la bonne humeur et tout le monde se prépare à s’en prendre plein les yeux et les oreilles.
DAY ONE
Premier concert, plutôt jouissif d’ailleurs, avec les texans de Harlem. Ils ont le mérite de réveiller les courageux qui ont su émerger avant 16h avec leur trash-punk à la sauce humour débile. Dieu que c’est bon. On enchaîne rapidement avec Girls, histoire que l’excitation reste au top. Sauf qu’ils ne sont pas les bons clients pour ça. Ce n’est pas la première fois que je les vois, et pourtant ici encore ma déception est proportionnelle à mon amour de leur merveilleux opus Album. Le concert commence bien, une gentille communion semble s’installer entre eux et le public et puis pouf, ça retombe comme un soufflé. Ils nous quittent avec Lust For Life mais rien n’y fait, mon cœur saigne.
Je reste voir Two Door Cinema Club en trainant un peu (beaucoup) les pieds, pourtant une amie me convainc de rester en me disant que je ne serai (peut être) pas déçue. Tous leurs singles que l’on connait sans même le vouloir (merci les pubs pour les banques) sont bien là. Il y a de l’énergie, de la fougue c’est absolument incontestable, ce n’est pas foncièrement mauvais non plus mais voilà, le coup de foudre n’a pas eu lieu, et n’arrivera probablement jamais. J’entre-aperçois un peu plus tard Yeasayer. Je ne connais que quelques unes de leurs chansons et pourtant je passe un moment sympathique et planant, et il me semble ne pas être la seule.
Je ne sais pas trop comment j’ai ensuite atteri à l’Alternative Stage qui en l’occurrence n’aurait pas pu avoir meilleur nom. J’assiste à une prestation tout à fait réjouissante, celle de Beardyman champion du Royaume Uni de beatbox s’il vous plaît. Les gens devenaient un peu débiles et sautaient partout de bon cœur. Et il y avait de quoi, le bonhomme est tout simplement bluffant et a probablement endommagé mes capacités auditives. Peu importe, ça ne m’empêche pas de me ruer vers un concert que j’ai attendu frébrilement toute la journée, celui des déesses de Warpaint. Elles ont ce don de créer une musique, comment dire, vivante, qui vous attrape quelque part et refuse de vous laisser partir. Il y a ce je-ne-sais-quoi qui flotte dans l’air qui rend les visages complètement euphoriques. Ensuite le grand guignol d’Adam Green ramène enfin ses fesses. C’est toujours un bonheur de le retrouver, il a, à son habitude, un petit coup dans le nez. Le New Yorkais offre un bon concert avec quelques uns de ses classiques, Jessica, Gemstones ou encore Drugs chantés à tue tête. Pendant ce temps Josh Homme et ses hommes retournent la grande scène. J’ai juste le temps d’arriver pour la fin du set, No One Knows et A Song For The Dead qu’on a sûrement du entendre à 500km à la ronde. Magique.
J’ai beaucoup de peine pour les nombreuses pauvres âmes qu’on voyait se ballader gaiement avec des tee shirts Guns N’ Roses. Le spectacle est ailleurs, et c’est Phoenix qui l’offre. Le set est impeccable, les chansons connues par cœur. Lisztomania, Long Distance Call, Fences, Armistice s’enchainent à un rythme effrené, et j’aimerais que cela ne s’arrête jamais. Grosse fierté d’être français ce soir là. N’ayant toujours pas envie de tenter l’aventure G N’ R, je préfère profiter de l’invitation à shaker son booty offerte par James Murphy. Invitation d’autant plus alléchante que l’homme a annoncé la fin de LCD Soundsystem. Là encore, impossible de regretter le déplacement. Des récentes Drunk Girls ou Pow Pow aux classiques Daft Punk..., Tribulations ou encore All My Friends, tous ses classiques sont présents, électrisent la foule et font monter la température sous le chapiteau. La journée se termine en beauté.
DAY TWO
Grosse journée en perspective. La commencer en compagnie de Mystery Jets n’est pas désagréable si vous voulez mon avis. Manifestement en grande forme, ils balancent gaiement After Dark avec The Count & Sinden, Two Doors Down ou encore Behind the Bunhouse à un public plus que réceptif à leur délire 80’s. Un peu plus tard je suis partagée quelque part entre deux scènes. D’un côté The Invasion Of, énième groupe du stakhanoviste Gary Powell, de l’autre Modest Mouse. Je me faufile par çi par là et le tout est très plaisant des deux côtés mais l’excitation monte d’un coup à l’arrivée des Maccabees. En très grande forme, tout sourire et devant un public conquis d’avance, le quintette envoie du lourd, tous leurs singles y passent, de Can You Give It en passant par par la superbe Toothpaste Kisses ou encore First Love, X-Ray et Precious Time qui les ont révélé il y a plus de quatre ans. Dès lors, impossible de décoller de la main stage, les frères Jarman et le grand Johnny Marr prennent le relais et balancent également un set impeccable et je me rends compte que les chenapans ont une tripotée de tubes à en faire palir plus d’un ; Hey Scenesters, Cheat On Me, Mirror Kissers, Men’s needs, I’m a Realist… Vite fait, bien fait. Pour continuer dans le très lourd, Dizzee Rascal finit par pointer le bout de sa casquette. Il n’est que 19h et la soirée bat déjà son plein, il est l’homme rêvé pour retourner une foule et niveau tubes, comment dire ? Il s’y connait pas mal également, il nous laisse après près d’une heure sur les rotules avec de grands sourires satisfaits sur Bonkers.
La tension grimpe d’un niveau, la peur d’une hypothétique grande déception se lit sur les visages… tout le monde attend la même chose, The Libertines. Pendant près d’une heure et demi, le groupe prend plaisir à jouer devant une foule compacte ses classiques. Tout y passe, l’entrée sur Horrorshow, Vertigo, Tell the King, What Became of The Likely Lads, What Katie Did… Et là, c’est le drame, le groupe quitte la scène en plein Time for Heroes ..Scandale absolu ! Il revient quelques instants plus tard pour finir le travail en beauté. Jugez donc : The Good Old Days, Up the Bracket, What A Waster et I Get Along. Pas de drame, pas de bataille (d’égo) mais des sourires et des accolades. C’est assez beau, croyez moi.
A peine le temps de se remettre de ses émotions puisque Arcade Fire entrent en scène et ne déçoivent pas avec un concert plutôt grandiose qui reprend le meilleur de leurs trois albums. Les Canadiens achèvent leur rappel avec un Wake Up plus énervé que jamais.
DAY THREE
La fatigue et le taux d’alcoolémie étant à leur zénith, je me dis que cette dernière journée risque d’être assez épique. Premier bonheur du jour, Local Natives qui ouvre le bal en douceur avec les merveilles de leur album Gorilla Manor. Les choses deviennent un peu plus fofolles avec les Gallois de Los Campesinos.Le (court) set est cohérent, comprendre chez eux foutraque et mêle habilement différents titres de leurs trois albums. Leur tube (pardonnez l’expression) You ! Me ! Dancing ! font se sautiller la foule de toutes parts, adorable.
Les merveilleux Wild Beasts prennent le relais. Je retiens mon souffle. Après les avoir loupé maintes fois (la honte) je trépignais d’impatience de découvrir Two Dancers live. Le merveilleux falsetto d’Hayden Thorpe (malgré un son en deça de ce que j’espérais) produit l’effet escompté ; me rend toute chose. La hype de l’année fait ensuite son show, et le fait plutôt très bien. Je parle bien évidemment des Drums. Attendus au tournant, ils ont l’intelligence de jouer leurs meilleurs morceaux (Best Friend, Forever and Ever Amen, Submarine…), de zapper Let’s Go Surfing (que plus personne ne veut entendre avant un bout de temps) et de terminer sur la superbe Down By The Water.
Changement de registre assez radical et sacrée mission en perspective pour grapiller un petit bout du concert de Cypress Hill, passage absolument obligé. La foule secouant la tête (moi la première) forme un kaléidoscope assez fascinant. Le malheur du festival pointe alors son nez : les concerts dont les horaires se chevauchent. Mon devoir est pourtant de me rendre au concert de Tame Impala. Découverts il y a de cela plusieurs mois, le premier album de ces jeunes australiens, Innerspeaker est tout bonnement addictif, réussi et j’en passe. Je découvre un groupe jeune, très jeune qui offre avec passion ses chansons devant un public mi conquis, mi médusé par une si belle maîtrise. Mais il faut se rendre à l’évidence, toutes les bonnes choses ont une fin. J’oublie vite ma déception avec Foals. Le quintette a eu énormément de mal à gagner mes faveurs en version studio pour la simple raison que tout leur potentiel se révèle sur scène. Leurs chansons prennent une autre dimension et la bande sait mettre l’ambiance et offre à son public exténué un set de haut vol.
Blink 182 se lit sur toutes les lèvres (ou presque) et que Dieu me pardonne mais je ne peux décemment pas quitter le festival sans avoir entendu quelques chansons. Feeling This, What’s my age again, I Miss You ou Stay Together For The Kids suffisent à mon bonheur et c’est un peu comme avoir 12 ans à nouveau. Pour ne pas mourir idiote, je vais jeter un coup d’œil à la prestation de Caribou, surestimé (à mon humble avis), bouarf, je trace vite ma route. Restons amis hein. L’heure du départ approche et choix il faut faire : Klaxons ou pas Klaxons ? Allez, juste pour la marrade, on reste dix minutes ! Comme prévu, dix minutes suffisent, As Above So Below et Gravity’s Rainbow passées je peux m’en aller sans regret aucun vers une dernière aventure musicale. Rigoler c’est une chose, se faire du mal, ça en est une autre. British Sea Power clotûre donc mon Reading 2010. Ils ont quelques fans un peu hystéros qui font mumuse avec des espèces de branches (si ma mémoire est bonne). Aucun regret d’avoir quitté les fluo kids restés bloqués en 2006 (2007 ? Toujours cette mémoire traitre), British Sea Power me fait passer un très bon moment, avec de vraies chansons et bla bla. Au moins je quitte le festival libérée de toute envie de meurtre. Que demande le peuple ?