Napoléon, saucisses, chapeau bas, druidique

 Avant cette interview, les membres de Phoenix se sont lancés deux défis : placer le plus de mots en rapport avec la nourriture et ne laisser aucun doute sur leurs sentiments envers l'Angleterre.


 MDMAZING : Vous avez une grosse tournée de prévue jusqu’à au moins fin septembre, est-ce qu’il y a des villes ou festivals que vous attendez particulièrement ?

Thomas : Il y en a qui nous inquiètent un peu,  quelques festivals anglais. L’Angleterre ça fait un peu peur…

MDMAZING : Par exemple ? Leeds, Reading… ?

Thomas : Leeds, Reading, en Ecosse... Ils sont un peu inquiétants. 

MDMAZING : Vous avez peur du public anglais ?

Branco : On n’aime pas les Anglais pour des raisons historiques, Napoléon et tutti quanti. (rires) Non mais les festivals anglais parfois c’est dur, c’est vraiment l’industrie. C’est un peu l’équivalent d’une usine de saucisses. Alors qu’ici par exemple à Beauregard les gens sont sympathiques, on sent que c’est un truc à peu près à taille humaine. 

MDMAZING : Vous avez fait Glastonbury le week-end dernier ?

Thomas : Ouais. C’était le mieux, parmi les festivals anglais c’est l’un des mieux, mais l’Angleterre ça reste un pays abandonné par les dieux. Ils ont dû commettre des boulettes. J’étais très content de l’histoire de la Coupe du Monde. 

MDMAZING : Ah, et vous avez pensé quoi de l’Equipe de France ?

Thomas : Il se passe toujours quelque chose avec l’Equipe de France en fait, c’est assez agréable. On sait qu’il y a toujours du biscuit, que même s’ils sont éliminés très tôt il y a un mois d’histoires, d’anecdotes…

Branco : Moi je m’intéresse pas du tout au foot mais là pour le coup c’était assez distrayant non ?

MDMAZING : Si si, mais personnellement j’étais pour l’Angleterre justement…

Branco : Non ? C’est vrai ?! J’étais à fond contre l’Angleterre. C’est le seul match que j’ai regardé [Angleterre-Allemagne] mais avec juste l’espoir que les Anglais perdent !

MDMAZING : Vous avez pu voir le match en étant à Glastonbury ?

Thomas : Ouais, on jouait la veille.

Branco : Ah ouais, et c’est Grizzly Bear qui ont joué pendant le match. Ils ont trouvé ça atroce parce que les gens étaient pas là.

MDMAZING : Et sinon, ça commence à faire un bout de temps que vous tournez cet album, vous pensez vous arrêter bientôt ?

Thomas : Ca fait qu’un an, mais ouais c’est déjà beaucoup. Là on fait des choses qu’on avait vraiment envie de faire, des lieux hyper attrayants… Mais je pense qu’on va s’arrêter en octobre en fait. 

Branco : On pourrait continuer mais on sent que les gens vont se lasser, on a peur de les embêter. Il y a une tentation de continuer, ça pourrait être sans fin en fait.

MDMAZING : Vous avez changé de label pour votre dernier album, dans quelles circonstances s’est passé votre départ de Virgin ?

Branco : On avait fini notre contrat, et quand il a fallu soit continuer soit changer de crémerie on s’est dit que l’avenir appartenait aux petites structures indépendantes. C’est le pari qu’on a fait, et je crois que c’était le bon choix. On a toujours eu des bonnes relations avec Virgin, ils nous ont toujours laissé libres de faire ce qu’on avait envie de faire mais on sent que c’est des maisons qui sont plus destinées à travailler des musiques de type industriel que notre musique qui est plus compliquée, ça plait pas tout de suite à tout le monde… C’est mieux de travailler avec des gens qui sont exactement sur la même longueur d’ondes.

MDMAZING : Vu le succès du dernier album, ils sont contents pour vous à Virgin ou un peu aigris ?

Thomas : Ils sont contents d’avoir sorti nos 3ers albums. (sourit)

Branco : Non mais on a toujours eu de bonnes relations avec eux, ils ont toujours été très corrects. On peut saluer ça, non ? Bravo, chapeau bas.

MDMAZING : Votre chanson ‘Love Like a Sunset’ ressemble énormément à une instru de Steve Reich, c’était une de vos influences ou c’est une coïncidence ? 

Branco : T’es la première personne qui nous le dit mais c’est exactement ça. Personne ne nous parle de ça alors que pourtant on a vraiment mis le paquet. (rires) Ouais c’est exactement l’idée qu’on avait en tête, on voulait faire quelque chose qui crée le même sentiment que quand on écoute Steve Reich.

MDMAZING : C’est quelque chose que vous pensez réessayer par la suite ?

Branco : C’est une influence très importante, c’est quelque chose qu’on peut pas s’empêcher de reproduire. Quoi qu’on fasse on aura toujours ça en nous, cette fibre là.

MDMAZING : Vous avez gagné un Grammy Award, vous êtes connus dans le monde entier, vous jouez dans des salles énormes aux Etats-Unis… Vous espérez quelque chose de plus ?

Branco : Je tiens à préciser, on n’est pas très connus dans le monde. Je dirais plutôt qu’on est très peu connus un peu partout, c’est notre caractéristique. Ce qu’on peut nous souhaiter c’est que ça reste exactement comme ça, on est très contents. Les gens qui viennent nous voir en concert viennent nous voir pour les bonnes raisons. On est au stade parfait où il n’y a pas de malentendu, c’est très agréable. On voudrait que ça reste exactement comme ça.

MDMAZING : Quelle est la question à laquelle vous aimeriez répondre mais qu’on ne vous a jamais posée ?

Branco : C’est vache ça. Au fond quel est l’intérêt de répondre à des questions, c’est ça la vraie question. Une question qui nous mettrait en valeur par exemple. Par exemple si je connaissais un truc hyper pointu et qu’on me posait cette question. Si on me demandait « Est-ce que t’es capable de citer un vers de La Divine Comédie ? » et que PAF en italien je voulais balancer le truc. Une question dont je connaitrais la réponse quoi. Ce qui est bien c’est quand il y a une sorte d’échange, quand les questions s’enchainent, c’est ça qui est important. C’est comme en boxe, faut faire le bon enchainement de mouvements.

Thomas : Ne trouves-tu pas ? Je lance un enchainement de questions là. (rires)

MDMAZING : C’est quand la dernière fois que vous avez dit « je ne referai plus jamais ça » ?

Branco : Attends, là il y a des trucs, faut qu’on se rappelle.

Thomas : Faire des festivals anglais.

Branco : Ah ouais le festival anglais où on a joué à 19h. On s’est dit plus jamais.

MDMAZING : Parce que c’est l’Angleterre ?

Branco : Non mais c’est dur, c’est dehors. Parfois c’est dur. Il peut y avoir une ambiance hot-dog. Et ce qu’on aime c’est quand c’est un peu magique. L’endroit a été magique à Glastonbury il y a quelques millénaires, c’est une vallée, il y a un truc druidique un peu, mais malheureusement j’ai l’impression qu’ils se reposent un peu sur leurs lauriers. Faut faire attention.

MDMAZING : Il y a des groupes que vous voulez voir ce soir au festival ?

Thomas : Ouais The XX moi je vais aller les voir. On a joué avec eux hier et ils jouaient en même temps que nous, c’était assez frustrant.

MDMAZING : C’était où ?

Thomas : (gros blanc) Euh… En Belgique, à Werchter. On a une mémoire de poisson rouge. (rires)

MDMAZING : Et Angoulême, toujours pas ? (nldr : pré-interview, on a mentionné la prestation de Phoenix à la Garden Nef Party 2009, mais les deux garçons n’en avaient pas le moindre souvenir et ont passé 5 bonnes minutes à essayer de se rappeler du festival, en vain)

Thomas : Mais non !

Branco : Non mais moi c’est horrible je me souviens jamais de rien, mais par contre mon frangin là-bas doit se souvenir.

Thomas : La Garden Nef Party… Angoulême… C’est là où il y a le truc de BD en plus. A quoi il ressemble ce festival ?

Branco : C’est pas là où on a joué avec The Do ? 

Thomas : Non c’était pas le festival ça, The Do c’était avant.

MDMAZING : Bon je vais vous laisser là-dessus.

Branco : Non mais faut qu’on sache, on va demander à mon frère.