Sex Pistols, Supercherie, Tiède, Jeunesse.


"Vous n'avez pas l'impression de vous faire avoir ?"


Phrase prononcée par Johnny Rotten lors de l'un des derniers concerts des Sex Pistols - les garçons n'étaient déjà plus que des caricatures de ce qu'ils avaient été, soit des ersatzs de rockstarts, et ce dès le départ. Il serait temps de réactualiser.

"Vous n'avez pas l'impression de vous faire avoir ?"


Phrase résumant extrèmement bien le set de Peter Doherty au festival Beauregard, il y a deux jours. Il y a eu les Libertines, les Babyshambles, et ne reste aujourd'hui qu'un vague sentiment de supercherie, à base de quasi personnage de dessin animé et de public déjà conquis.
Le pire ? Il n'a même pas eu la décence d'arriver camé jusqu'aux yeux, de bredouiller quelques paroles confuses, trébucher et s'en aller. Ca aurait été trop facile, prévisible, et finalement, arrangeant.

Non, le musicien a debarqué sur le site trois quarts d'heures avant le début de son set, s'est attardé dans le coin presse, a tourné en rond, s'est arrêté sur la couverture du Ouest France, s'est reconnu, a souri, et a vogué vers la scène. Est arrivé sous les cris presque orgasmiques des très nombreuses filles à peine pubères, a amorcé une reprise de Billie Jean, accompagnée de danseuses assez peu convaincantes, en a eu marre, puis nous a fait un medley de chansons des Libertines et des Babyshambles, entrecoupées de reprises avortées d'Oasis et d'une ou deux chansons de Grace/Wastelands, puis s'en est allé au bout d'une petite heure, visiblement satisfait.
Ce n'était donc pas si mauvais que ça, globalement : malgré quelques oublis de paroles et fausses notes, le concert tenait la route : toute idée de promo de son album solo mise de côté, ça aurait même pu paraître satisfaisant.

Le seul problème - car il fallait bien qu'il y en ai un : c'était ennuyeux à mourir. Tiède, sans âme. Les chanson s'enchainaient sans conviction, plates, et l'on sentait que même le principal interessé n'y croyait pas une seule seconde. Ce n'était pas un mauvais set, donc, mais j'aurais préferé : ce n'était qu'une prestation moyenne, de celles que l'on oublie bien vite, qui ne laissent aucune marque, sinon une dérangeante impression de vide - et Dieu sait que j'aurais aimé vous ramener une impression autre. Il n'y aurait donc plus rien à en tirer, pas même de quoi en faire un article en douzième page de magazine à sensations.
Fini, le génie, mais fini aussi, la lente déchéance : juste un songwriter parmi tant d'autres, incapable de réellement captiver son auditoire, ne serait ce que par son flagrant manque de prestance scénique.

Avec le recul, c'était quand même mieux quand l'héroïne le rendait totalement incapable, car l'on arrivait toujours à conserver l'espoir d'une résurrection inesperée, une reprise en main salvatrice, aussi bien pour lui que pour nous, mais voilà, les artifices ont quitté le phénomène, et il ne reste plus rien, plus rien que les restes d'une adoration déçue. Il n'a plus d'excuse, et il paraît impossible de souhaiter une reprise en main, puisqu'elle a déjà eu lieu, et elle n'a rien donné.
Pete Doherty nous captivait lorsqu'il était brillant, ou devasté, mais il ne nous apporte rien lorsqu'il stagne dans l'entre deux, puisqu'il fait partie de ces personnages supposés trop instables pour se noyer dans la normalité et l'ennui. Il serait donc probablement temps pour lui de se rediriger lentement vers l'anonymat, ou de succomber une nouvelle fois à ses vices, comblant ainsi notre besoin voyeuriste d'être témoin de l'enième descente aux enfers de l'une de nos idoles de jeunesse.

Cet article est beaucoup trop long, et ne vous rapporte pas grand chose de concret, j'en suis bien consciente - à croire que vous aussi vous êtes faits avoir. Chacun son tour.