Les Libertines nous auraient ils tous tués ?




Derrière cette problématique au son très Technikart se pose une vraie question. On ne sait pas ce que l'on entendra cette année (voir article de Max E Danger), et se retourner sur les albums de ce début de millénaire ne fait qu'accentuer l'incertitude, car l'on sent que les choses recommencent à changer. Recommencent ? Oui, car depuis Up The Bracket, les enfants des Libertines n'ont cessé de grouiller, se reproduire, briller parfois, agacer souvent. Lester Bangs pensait que tous les cinq ans environ, un album sortait, équivalent d'un "Voilà les mecs. Ecoutez ça : c'est ce que vous ferez et entendrez pendant les années à venir". De fait, combien d'albums des années 60 ressemblent à s'y méprendre aux Stones ? Il en va de même pour les Clash, Joy Division, Oasis, etc. Le fondement de notre décennie musicale est les Libertines : ce fameux Pete & Carl dont on ne peut visiblement pas se séparer. Vous n'y croyez pas ? Allez donc écouter ce qui s'est fait de mieux en indie pop ces derniers temps : il y aura toujours ce riff, cette harmonie vocale, cette ligne de basse qui sera la pour vous rappeler que l'on n'en serait pas là sans ces deux albums écorchés vifs, et bien trop influents pour être honnêtes. Je n'étais pas là en 2002, donc vous parler de l'impact qu'a eu l'album lors de sa sortie me serait impossible, mais cette présence n'est pas nécessaire pour voir que le moule libertin, usé jusqu'à la corde, agonise lentement, prête à laisser sa place. Et pour cause : les albums majeurs de 2007 n'ont plus rien à voir, ou presque, avec ce que l'on entendait avant. On s'est tourné vers d'autres influences, plus anciennes, ou obscures, et surtout moins évidentes. On conservera très probablement le "Tiens, il t'en reste encore un peu sur le nez" pendant quelques temps, mais la poudre estampillée Don't Look Back Into The Sun, The Boy Looked At Johnny, ou Can't Stand You Now remplit de moins en moins les narines des indie kids du NME.
Il en reste donc plus qu'à trouver cette nouvelle came qui coulera dans les veines des musiciens, puis dans les sillons des vinyls présentés en vitrine du disquaire le plus près de chez vous, afin de vous faire croire en une énième révolution musicale, celle que vous attendiez depuis un peu trop longtemps à votre goût. L'ecstasy des Klaxons aurait pu faire l'affaire, mais la hype les a tués avant même qu'ils aient pu se reproduire : existe-t-il encore quelqu'un prêt à subir un mauvais copié-collé d'Atlantis To Interzone ? Permettez moi d'en douter. Le revival 80's est lui aussi bien vivant, mais aucun groupe ne peut aujourd'hui se permettre de s'improviser maître des lieux. Il est qui plus est assimilé, de gré ou de force, au mouvement tectonik, qui en effraie plus d'un.
An End Has A Start d'Editors est lui aussi très bon, mais l'on y retrouve pas cette étincelle qui offrirait à l'album une unanimité plus que nécessaire. De fait, il ne faut pas être trop original, ou étrange, pour se voir attribuer le statut de groupe référence. On ne comptera donc pas non plus sur These New Puritans, qui, malgré un excellent album, ne font que plonger dans un univers sonore bien trop éloigné du nôtre. Il en va de même pour les Horrors, Patrick Wolf...
La surprise sera donc totale. 2008 sera-t-elle l'année du changement, ou l'on découvrira ce groupe sensé remodeler l'univers musical indie à sa guise, ou resterons nous dans la quasi anarchie musicale déjà ambiante ? On n'en saura pas plus pour le moment, mais quoiqu'il en soit, on peut avec certitude affirmer qu'il se passera quelque chose...