Glucose, Acide, Synthétique, Ballerine.



En attendant la sortie du Meurtre De Vénus, le 10 Mars, les Shades ont mis leur album en ligne sur MySpace. Ci dessous, le récit de ma première écoute.

A L'aube est synthétique, étrange, mais captivante. S'arrêtant un peu trop tôt, elle ne fait qu'accentuer la surprise, et le plaisir que procure le début de Vénus. Les paroles en français me dérangent vaguement, mais je ne peux contredire le sourire qui refuse de quitter mon visage, et me laisse emporter par la chanson. La son de la voix est assez...que dire ? Le mixage est audacieux, car très différent de ce que l'on entend régulièrement, mais néanmoins plaisant, car réussi.
Sucré. Voilà. Les arrangements vous donnent envie de barbapapa. On frôle l'écoeurant, sans pourtant l'atteindre. De Marbre me semblent néanmoins un peu insipide, un peu easy listening. Pas ma préferée, définitivement. La violence de la première version de l'Enfant Prodige s'en est allée, laissant place à ce glucose dont on parlait précedemment. Pour le meilleur ou le pire, mais surtout le meilleur : tout d'abord car le titre rend l'enchainement cohérent, et parce que l'on y aretrouve ce je-ne-sais-quoi qui reste dans la tête, encore et encore.
L'orgue de Judie est délicieux, contrastant avec l'insondable mélancolie du morceau. Les paroles sont sombres, l'ensemble dérangeant. Probablement l'un des meilleurs titres de l'album. Le bien connu Orage Mécanique est l'équivalent d'une prise d'acide, ou l'on s'imagine poursuivi par une foudre un peu lente pour être réelle. Angoisses enfantines, danses endiablées. Et cet orgue, toujours. La fin brusque permet, étonnement passé, de savourer la ligne de basse presque lascive de Machination. Bande son d'un film, dont vous êtes le héros : allongé par terre, vous faites le bilan de cette vie un peu trop amère qu'est la vôtre. La guitare est, pour la première fois ou presque, agressive, et atteint nos nerfs sans même prendre la peine passer par la peau. Le cri transperce ensuite votre être, sans pourtantque vous ne sachiez pourquoi.
La version album du Prix A Payer parait tout d'abord plus monochorde, mais cela ne dure pas. Douce violence. Mal être appréciable. la voix pousse, s'écorche presque, vous ronge peu à peu.
La Détente en est une, que l'on déguste avec un plaisir non dissimulé. Les paroles sont toujours aussi bonnes, la basse très agréable. Seul regret ; la longueur de la chanson, qui n'aurait pas eu beaucoup à perdre en ne dépassant pas les trois minutes.
On imagine sans peine une ballerine mécanique tourner sur le début du Temps Presse, pour ensuite exploser lorsque la musique en fait de même. Les paroles sont arrogantes, le sucre s'est estompé, et l'on ne s'en plaint pas. La coupure au milieu de la chanson, angoissante, nous fait d'autant plus apprécier cette fin presque bordélique, quoique, on le sent, millimétrée.
Il faut avoir les yeux fermés pour pouvoir apprécier à sa juste valeur le titre du même nom. "Ingénu" est le seul mot qui me vient à l'esprit. pas exact, c'est vrai, car rien n'est facile avec ces Ombres : on sent laprésence d'une complexité certaine, des couches successives que l'on découvre au fur et à mesure, avec plaisir.
Au Crépuscule s'écouterait plutôt en pleine nuit, la tête un peu flottante, de retour chez soi après une soirée mouvementée. Reposante, mais une fois de plus intriguante, car les mots s'enchainent, fluides, ne laissant dans un premier temps pas apparaitre leur beauté.

L'album se clot ainsi, me laissant dans un silence que je regrette déjà.

Le Meurtre de Vénus est, jusqu'à preuve du contraire, ce qui s'est fait de mieux depuis le début de cette scène parisienne. Je vous en dirais volontiers plus, mais je n'ai pourle moment qu'une envie ; réécouter cet album, et vous devriez en faire de même.